Née en 1965.

Elisabeth, malgré son handicap, est intégrée à dix-neuf ans dans une usine de confection des Mauges. Elle s’y trouve bien. Malheureusement, l’établissement dépose son bilan et Elisabeth fait partie de la deuxième vague de licenciements. Elle ne comprend pas ce qui lui arrive. C’est à cette époque qu’elle commence à se refermer sur elle-même. Elle ne parle plus et se réfugie dans un monde imaginaire qu’elle ne quittera plus.

A vingt-cinq ans, elle rejoint l’ESAT « Arc en Ciel » à Cholet. En 1998, l’équipe d’encadrement lui propose de venir peindre à l’atelier. Elle accepte aussitôt. Dès lors, Elisabeth s’y rend chaque mardi avec beaucoup d’empressement, et sans un mot, se met à l’ouvrage. Elle peint jusqu’à la dernière seconde, comme s’il ne fallait pas perdre une miette de ces précieux instants.

Le thème, récurrent, est très ritualisé dans sa mise en place. Elle dessine d’abord de grandes maisons surmontées de croix qui en contiennent de plus petites, à la manière des poupées russes. Une ronde de moutons volants tourne dans le ciel. Parfois il se produit une rupture. Surgissent alors des personnages centraux, enfermés dans un espace circulaire. Puis elle revient aux maisons et aux montons qui au fur et à mesure que son travail avance, disparaissent sous la couleur. Elisabeth utilise de l’aquarelle sur carton contre-collé vergé crème. Ce support lui a été proposé pour sa résistance : il lui arrive de s’acharner sur une partie de son dessin avec une brosse, éventuellement sans couleur, avec beaucoup d’eau.

L’œuvre d’Elisabeth s’inscrit totalement dans l’histoire de l’art brut, par son urgence, par son imperméabilité culturelle, par l’investissement complet de son auteur sans soucis du devenir de sa création.

En 2003, bouleversée par la terrible maladie de son père, Elisabeth perd tous ses repères et quitte l’ESAT pour un foyer mieux adapté à son état.